L’intervention psychosociale
Se rétablir d’un trouble alimentaire demande beaucoup de motivation, d’efforts et de persévérance. Le processus n’est pas linéaire et les écarts mettent à rude épreuve la motivation de la personne. La Maison l’Éclaircie a introduit certains éléments de l’approche motivationnelle dans ses services car la motivation demeure à la base de tout changement. En ce sens, l’outil de la balance décisionnelle peut être réalisé avec la personne afin d’identifier les coûts et les bénéfices liés au trouble alimentaire et d’être conscientisé aux bienfaits possibles du rétablissement. Certes, en début de démarche, il est normal que la personne soit ambivalente quant aux changements et qu’elle retrouve certains bénéfices dans le trouble alimentaire.
Amenez la personne à se dissocier de son trouble alimentaire. Il arrive souvent que la personne se définisse par celui-ci, car il prend toute la place. Il est important de mettre l’accent sur le fait que la personne n’est pas un trouble alimentaire, mais que celui-ci fait partie de sa réalité.
Favorisez une saine gestion des émotions. Le trouble alimentaire agit souvent comme un moyen de gestion des émotions. Ainsi, demandez à la personne comment elle va aujourd’hui plutôt que de mettre l’accent sur les comportements. Ceux-ci représentent un symptôme et les émotions en sont souvent à la base.
Changez les pensées appartenant au trouble du comportement alimentaire (restructuration cognitive). Développez un dialogue intérieur plus sain.
Travaillez par objectifs, en collaboration avec la personne, à l’atteinte d’un mieux-être. Voici quelques thèmes fréquemment abordés en fonction des besoins de la personne : la modification des comportements liés au trouble alimentaire, l’image corporelle, les émotions, la connaissance de soi, l’affirmation de soi, la restructuration des pensées automatiques et les relations interpersonnelles.
L'intervention doit être basée sur les forces de la personne. À la Maison l’Éclaircie, nous croyons fermement que chaque personne possède ses propres ressources internes.
Nous conseillons un suivi avec un médecin ainsi qu’un bilan de santé à jour. Parlez à la personne de l’importance d’avoir un suivi psychosocial et médical.
Informez la personne sur les ressources disponibles spécialisées en troubles alimentaires. Pour recevoir des services de la Maison l’Éclaircie, la personne vivant un trouble du comportement alimentaire doit nous contacter par téléphone pour faire une demande d’aide. Lors de cet appel, une intervenante sera disponible pour explorer brièvement la situation qu’elle vit. Vous pouvez aussi accompagner la personne lors de ce premier appel si elle le souhaite. Aucune référence médicale n’est demandée.
Pour plus de renseignements sur l’intervention psychosociale, référez-vous à l’onglet expliquant les services de la Maison l’Éclaircie. Vous pourrez y trouver des informations sur le service d’écoute téléphonique et sur la formation offerte aux professionnels.
L'intervention nutritionnelle
Le trouble de comportement alimentaire étant une problématique de santé mentale reliée à l’alimentation, l’intervention nutritionnelle est primordiale dans la prise en charge des personnes qui en sont atteints et va de pair avec le suivi psychosocial. Tout comme pour ce dernier, les interventions nutritionnelles de la Maison l’Éclaircie se basent sur les approches biopsychosociales, cognitivocomportementales et motivationnelles.
Le suivi des apports alimentaires ainsi que les raisons qui motivent les choix alimentaires sont des éléments de base du suivi nutritionnel. D’ailleurs, il y a souvent un travail important à faire au niveau de la démystification des croyances alimentaires de la personne pour l’amener à changer sa vision de certains aliments et de leur impact sur leur corps. Cela peut représenter un objectif de taille, ces croyances étant souvent très ancrées chez ces personnes, et ce parfois depuis fort longtemps.
Le but du suivi nutritionnel est aussi de fixer des objectifs concrets et réalistes à la personne au niveau de ses apports alimentaires, souvent vus comme des «défis» alimentaires. Ceci a pour objectif d’aider la personne à s’exposer progressivement à certains aliments/mets jusqu’ici interdits ou amenant beaucoup de culpabilité à la personne lorsqu’elle le consomme. Plus la personne intégrera souvent cet aliment à son alimentation de base, plus cet aliment sera perçu comme «normal» et pourra ainsi être consommé de façon confortable. Bien sûr, il est toujours primordial de respecter le rythme de chacun dans l’élaboration des objectifs nutritionnels.
Notre approche préconisant que tous les aliments sont au même niveau et qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais aliments, le langage utilisé ainsi que la façon dont nous présentons les aliments à la personne sont des plus importants. Évitez d’utiliser les termes «cochonneries», «se gâter» ou «aliments santé», les propos que nous tenons en tant qu’intervenant(e) peuvent avoir un impact notable sur les croyances, pensées ou émotions de la personne. Notre attitude doit en tout temps refléter nos dires. D’ailleurs, les aliments allégés (yogourt 0% de matières grasses, fromage allégé, vinaigrette allégée,…) sont strictement interdits à la Maison l’Éclaircie, ceux-ci venant renforcir l’idée qu’ils aident à la perte de poids, et ainsi renforcir le trouble alimentaire.
Un travail étroit de concertation et d’interdisciplinarité entre nutritionnistes et intervenantes règne à la Maison l’Éclaircie, notre travail allant de pair pour le rétablissement de la personne.
Consultez également notre coffre à outils pour les intervenants.